
Aujourd’hui je me suis réveillée avec l’envie d’être real as fuck. J’ai décidé de partir en full introspection et d’expliquer pourquoi il n’est pas simple d’être ami.e avec moi.
D’où vient le trauma ?
Il y a plusieurs raisons qui expliquent pourquoi j’ai du mal à me faire des amis. Le fait d’avoir perdu ma mère d’une rupture d’anévrisme en est une. Je pense que ce qui m’a le plus traumatisé, c’est le fait que ce soit arrivé soudainement. Je crois que ça a déréglé un truc dans mon cerveau. Quand tu réalises que tu peux perdre un être cher du jour au lendemain sans y être préparé, tu vois la vie différemment. Quelqu’un de normal dirait que non, justement, ce genre de drame pousse à profiter encore plus des gens qu’on aime mais mon cerveau et moi, nous pensons que la solution la plus simple et efficace pour éviter de souffrir c’est de rester loin des gens et de ne pas s’y attacher 😃
Mon trouble borderline
Dans le trouble borderline, 9 symptômes peuvent être présents. Pour que le diagnostic soit posé, au moins 5 d’entre eux doivent se manifester de manière intense et durable. Parmi ces 9 symptômes, 4 concernent la personne elle-même. 5 symptômes concernent les relations avec les autres. Parmi ces symptômes, il y a le suivant :
- Des relations aux autres instables, intenses et fusionnelles, qui mènent à des situations chaotiques. Cette instabilité coupe souvent court aux relations.
Mario Speranza, pédopsychiatre au Centre hospitalier de Versailles, utilise une image pour décrire ce symptôme : “Les personnes qui présentent cette caractéristique sont des brûlées vives de la relation. Elles n’ont pas confiance en l’autre tandis qu’elles ont un énorme besoin d’affection. La plupart du temps, elles ont vécu des violences majeures pendant l’enfance, d’ordre physique, sexuel ou psychologique, des négligences ou des événements difficiles comme la perte d’un parent ou des séparations répétées”, explique-t-il. Dès lors, la proximité avec quelqu’un est perçue comme source de danger potentiel. Elles développent de l’agressivité à l’égard de l’autre, en raison de la peur qu’elles ont de subir à nouveau des violences.
De plus, la personne perçoit son entourage de manière absolue, avec une grille de lecture binaire et sans nuances : untel, considéré comme un ami, sera pourvu de toutes les qualités possibles ; tandis que tel autre, quelle que soit son attitude, sera perçu comme distant ou indifférent, voire mal intentionné vis-à-vis de la personne concernée. Au début de la relation, l’autre est idéalisé. Très vite, il se retrouve dévalorisé.
Comme je le disais plus haut, la meilleure façon pour moi de me protéger est de ne pas m’attacher à qui que ce soit. J’ai coupé court à de nombreuses amitiés à cause de ça. Plutôt que de souffrir dans une amitié qui ne me convenait plus, je préférais partir de façon soudaine et brutale, un peu comme une rupture d’anévrisme lol.
Mario Speranza le dit très bien, nous sommes des brûlés vifs de la relation. J’ai eu une enfance instable et chaotique. Ma maman a tout fait pour limiter la casse mais malheureusement ça laisse quand même des traces.
Je ne sais pas si quelqu’un peut comprendre mais quand tu as vécu l’enfer sur Terre étant enfant, avoir des amis c’est le cadet de tes soucis. Pourtant le besoin d’amour et d’affection est bien là, il est même sûrement plus élevé que la normale mais le fait est que tu ne fais pas confiance aux autres.
Ma misanthropie
Avec tout ce que j’ai vécu et vu dans ma vie, j’ai fini par devenir misanthrope. La misanthropie c’est l’aversion du genre humain. D’un côté, il y a la Caroline spirituelle qui veut aimer tout le monde et de l’autre côté il y a la Caroline, humaine, qui a conscience que ses semblables sont des merdes. J’ai souvent été déçue par les gens. J’ai considéré des filles comme des amies pour finalement réaliser que j’étais leur bouche-trou. J’ai été amie avec des gens qui m’ont complètement ignorée quand j’ai perdu mon père. J’ai eu des amis qui ne comprenaient pas le fait que j’étais en dépression et que je ne voulais pas sortir… J’ai vécu beaucoup de situations où je me suis sentie incomprise.
De la primaire au collège, j’ai été sujette à beaucoup de moqueries en tout genre et je pense que ça ne m’a pas aidé à aimer les autres. Je me souviens que je me trouvais à ma place uniquement quand j’allais en colonie de vacances. Là-bas, je trouvais des gens comme moi, qui aimaient les mêmes choses que moi.
Je pense que ma misanthropie est le résultat d’une accumulation de déceptions. À force, tu préfères détester tout le monde plutôt que prendre le risque d’aimer quelqu’un.
Être introvertie dans un monde d’extravertis
Je reconnais que le fait d’être introvertie joue un rôle dans mon incapacité à me faire des amis. Quand j’apprends à connaître quelqu’un, j’aime que ce soit hyper intentionnel. Je veux tout savoir de toi. Je veux comprendre pourquoi tu penses comme ça et ce qui fait que tu es la personne que tu es aujourd’hui. Du coup forcément, les sorties dans les lieux blindés de monde où il y a un max de bruit au point de ne pas s’entendre bah c’est pas pour moi. Pareil, les sorties au cinéma où on se parle pas pendant 2h je trouve ça weird si je ne te connais pas. Les fêtes d’anniversaire ? Ça sert à rien de m’inviter, encore plus si je connais personne. En fait quand tu es introverti, t’aimes tellement ta solitude et le calme que quand tu décides de passer du temps avec quelqu’un il faut qu’il y ait une réelle valeur ajoutée.
Et puis je trouve qu’il n’y a rien de pire que les événements sociaux où tout le monde met un masque le temps d’une soirée. Le concept de faire semblant de s’intéresser à quelqu’un juste pour faire passer le temps, j’aime pas du tout. Et puis parfois tu es tout simplement avec des gens qui ne sont pas dans leur état normal, tu penses avoir un échange intéressant avec quelqu’un mais dès le lendemain la personne ne se souvient même plus de toi. Ça me dégoûte littéralement ce genre de situation.
Je suis un peu relou sur les bords moi, j’aime discuter avec des gens qui vont se souvenir de moi.
Ma vision de l’amitié
Je pense que c’est ce point qui explique le mieux pourquoi j’ai tant de mal à me faire des amis. J’ai une vision de l’amitié qui diffère de pas mal de gens. Pour moi l’amitié c’est sacré. C’est aussi pour ça que je ne la donne pas si facilement. Selon moi, un ami, un vrai c’est celui qui va prendre en charge ton enfant s’il t’arrivait quelque chose. Combien de tes amis seraient capables de faire ça aujourd’hui ? Je prends un exemple extrême pour que tu puisses bien comprendre ce que je veux dire.
En ayant perdu ma mère j’ai également eu une leçon brutale sur l’amitié. À l’enterrement de maman, nous étions entre 50 et 100 personnes. Selon toi, combien de ces personnes ont juste pris de mes nouvelles après sa mort ? Juste une. Pourtant parmi ces gens, j’en connaissais beaucoup. Bien souvent, j’étais là quand ma mère les accueillait à la maison pour boire un ‘Ti Punch.
Pour boire de l’alcool et sortir faire la fête il y a du monde mais pour prendre des nouvelles de ta fille quand tu ne fais plus partie de ce monde, il n’y a plus personne.
Les vrais amis, il y en a très peu et j’ai eu la chance de comprendre ça très tôt. Pour moi, être une bonne amie c’est prendre régulièrement des nouvelles, savoir se mettre parfois de côté pour écouter l’autre, donner sans compter, aider dès qu’on peut. C’est également soutenir, encourager et motiver l’autre. J’ai sûrement une vision idéaliste de l’amitié mais si ça ne ressemble pas à ça, à quoi ça me sert d’avoir des amis ?
Dans l’article Voici pourquoi vous avez du mal à vous aimer (partie 2), j’explique à quel point avoir un bon entourage est important pour l’estime de soi.
Ma faible tolérance pour les bullshits
Quand j’étais plus jeune, j’étais dans un groupe d’amies où on se disputait tout le temps. Quand j’ai quitté ce groupe d’amis, j’ai compris que les relations saines n’étaient pas ponctuées de disputes tous les 4 matins. Je ne dis pas qu’il ne peut pas y avoir de désaccords en amitié mais je pense que tout peut être réglé avec une bonne communication et l’envie mutuelle de se comprendre et d’avancer.
J’ai dû mettre un terme à certaines amitiés, simplement parce que la gestion de conflit était toxique. Désormais je fuis les relations qui me poussent à être une version de moi que je n’aime pas. Si tu ne sais pas gérer les conflits ou si tu es quelqu’un qui boude au lieu d’exprimer clairement ce qui ne va pas, je fuis, tout simplement.
Parfois je ne prends même pas le temps de créer du lien avec des gens car j’ai passé suffisamment de temps à observer les gens pour savoir à l’avance si une personnalité va matcher avec la mienne.
Se faire des amis après 30 ans
Avec l’âge, j’ai tristement constaté que tout le monde est ancré dans cette routine métro-boulot-dodo-mariage-bébé-achat-maison-à-crédit-sur-20-ans et les discussions ne parlent que de ça. Si tu n’es pas dans ce schéma-là tu peux vite te retrouver sans rien d’intéressant à dire.
À 30 ans, j’ai constaté une autre triste réalité : nous n’avons plus le temps de créer des relations. Soit c’est à cause du travail, soit à cause de la vie de famille. Quand on trouve un peu de temps pour voir des amis, forcément les sujets restent en surface. C’est fini l’époque où on se racontait nos traumas les plus deep pendant les heures de permanence au collège et au lycée. J’ai beaucoup de mal avec ça. J’espère que ça ira mieux avec les années, mais la période de transition, fin de vingtaine-début de trentaine n’est pas facile.
Ce que je retiens de mes amitiés qui durent
Je m’estime extrêmement chanceuse d’avoir les amies que j’ai aujourd’hui. Je dirais même que c’est ma plus grande richesse. Je prends soin de ces amitiés. Être un.e bon.ne ami.e, c’est l’un des plus beaux rôles de cette vie.
Je trouve que c’est une chance de pouvoir être dans les coulisses de la vie de quelqu’un. Voir évoluer mes amies du lycée jusqu’à maintenant c’est juste incroyable. Pouvoir assister aux mariages de mes besties, les voir élever leurs enfants, les voir surmonter des blessures de l’enfance etc… je trouve ça exceptionnel.
Tu l’auras bien compris maintenant, je suis une ride or die ! Si je suis avec toi, il y a de fortes chances que je le sois à vie. Aujourd’hui je n’ai ni parents, ni frères et soeurs donc ma famille c’est les amis que j’ai choisis.
Elle vient sûrement aussi de là mon exigence. Je pense que j’aurais pu être moins relou si j’avais d’autres soutiens que ceux de mes amis. Si j’avais des frères et soeurs ou simplement encore ma maman, j’aurais peut-être eu moins peur de m’ouvrir aux autres.
Aujourd’hui je ne peux pas me permettre de me lier d’amitié ou d’amour avec n’importe qui car je tiens à mon équilibre mental et ma paix d’esprit.
Et si j’étais juste trop sensible pour avoir des amis ?
En ce moment j’ai la chance d’être hébergée chez ma bestie, le temps que ma situation se stabilise. J’ai commencé à écrire cet article ce matin, au réveil. Elle m’a entendu pianoter sur mon clavier pendant des heures, sans boire ni manger. Quand je travaille, je n’aime pas m’arrêter pour boire ou manger. C’est une mauvaise habitude que je traîne depuis des années. Du coup qu’est-ce qu’elle a fait ma bestie ?
Elle m’a commandé ma boisson préférée du moment, j’ai nommé le Cool Lime Refresha de chez Starbucks (désolée pour le boycott) avec des pancakes sauce caramel 🥹

J’ai tellement été touchée par l’attention que j’en ai lâché des petites larmes. Avec mes amies, je me sens vue et aimée. Je peux être moi-même sans avoir peur qu’on me le reproche par la suite. Je me rends compte à quel point c’est extrêmement rare ce genre de relation. Tout le monde aimerait se sentir vu, compris et aimé dans une relation mais peu de personnes sont réellement capables de voir l’autre.
Je pense que je ne suis pas faite pour avoir beaucoup d’amis, car ceux que j’ai, je souhaite les garder à vie. J’ai envie de créer des liens forts et puissants avec les autres. Si ce n’est pas fort, sincère et réciproque, alors ce n’est pas pour moi.
Et toi tu te positionnes comment en amitié ? Est-ce que tu as une vision un peu plus chill ou bien tu es comme moi ? (ce que je ne te souhaite pas 😂)
📅 Challenge Juillet – 1 jour, 1 article
Tout au long du mois de juillet, je relève un défi de publier 1 article par jour sur le blog.
Je compte parler psychologie, spiritualité, santé mentale, culture, musique, architecture et business, avec toujours cette envie de creuser les sujets en profondeur.
Mon objectif ? T’offrir chaque jour une réflexion, une ressource ou un outil qui nourrit l’esprit.
➡️ Tu peux me retrouver chaque jour sur Instagram @kimsulab ! N’hésite vraiment pas à m’écrire, j’adore les échanges de qualité ☺️
Merci d’être là 🙏🏾
-À demain 🎀

Répondre à Kimsu Annuler la réponse.